D’après l’OMS, 50% de la population mondiale sera allergique d’ici 2050. Des allergies respiratoires aux allergies alimentaires, que se passe-t-il dans notre corps pour qu’il réagisse si violemment ? Et quelles sont les origines de ces allergies ? Les chercheurs s’entendent sur plusieurs pistes de réponse, entre origines environnementales, origines sociétales, origines alimentaires ou origines génétiques.

Alors, si les enfants sont de plus en plus allergiques aujourd’hui, la faute à qui ? (Freud, tais-toi et laisse les mères tranquilles, tu veux ?)

Augmentation des allergies

Tu as l’impression qu’il y a de plus en plus de personnes allergiques ? C’est vrai.

Et même si cette hausse des cas se doit sans doute aussi à une augmentation des diagnostics, il a été constaté aux Etats-Unis une hause de plus de 50% des allergies entre 1997 et 2011. Près de la moitié des personnes concernées est d’ailleurs poly-allergique. Et les cas semblent similaires sur les autres continents du monde.

Les scientifiques ont identifié 3 « vagues » d’allergies depuis le début du XXe siècle dans la population occidentale (source) :

  • le rhume des foins, qui aurait sévit du début du siècle jusqu’à la fin des années 60, touchant aujourd’hui encore entre 20 et 30% des adultes,
  • l’asthme, qui serait dû en partie à une allergie aux acariens, atteignant un pic vers 1995-2000 (d’après le Dr Olivier Michel, allergologue belge auteur de Tous allergiques ?)
  • et enfin les allergies alimentaires, qui font parler d’elles de plus en plus souvent à partir des années 1990, touchant près de 2 fois plus d’enfants que d’adultes. Les sensibilités sont néanmoins légèrement différentes selon les âges, les enfants réagissant plutôt au lait, œuf et arachide, alors que les adultes sont plus touchés par les allergies au poisson, arachide, fruits à coque et crevettes.

En Île de France, les allergies alimentaires ont été multipliées par 2 ou 3 en 20 ans. L’accusé ? Le bouleau, qui a été planté massivement suite à la tempête de décembre 1999. « On a vu les allergies au bouleau croître en région parisienne, explique le professeur Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie. Après, la saison pollinique est devenue plus longue du fait du réchauffement climatique. Du coup, on est passé d’un rhume des foins à l’asthme et, comme il y a une parenté antigénique entre le bouleau et certains fruits et légumes, on est devenu allergique à la pomme, à l’arachide et aux fruits à coque. » (source)

Rappel : c’est quoi une allergie ?

Notre corps a un système de protection très efficace : le système immunitaire. Il nous protège ainsi de plein d’ennemis extérieurs : microbes, virus, bactéries.

L’allergie est un bug dans ce système : il va se défendre contre une « non-attaque », et fait du zèle en sur-réagissant à des substances étrangères normalement inoffensives : les allergènes (comme le pollen, les poussières, certains aliments…).

Le corps produit donc entre autre des anticorps spécifiques de l’allergie : l’immunoglobuline E (IgE pour les intimes).

La maladie est globale et les symptômes divers : nez qui coule, yeux rouges, plaques cutanées, démangeaisons, toux, troubles ORL à répétition…


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Origine génétique

La sensibilité génétique est-elle la première origine des allergies alimentaires ?

Si elle n’en est pas la cause principale (et nous allons le voir plus loin), elle entre forcément en ligne de compte. Ainsi, un enfant dont les 2 parents sont allergiques a 80% de chances de développer lui aussi des allergies, contre 50% si un seul de ses parents est touché.

Cela dit, il ne développera pas nécessairement les mêmes troubles que ses parents : l’enfant d’une mère asthmatique peut développer plutôt un rhume des foins par exemple.

Quand un enfant a ainsi des prédispositions à l’allergie, on dit qu’il est atopique.

Et il se peut également que les symptômes des allergies n’apparaissent pas, notamment si on parvient à éviter les allergènes les plus fréquents dans notre mode de vie actuel (lait, œuf, arachide, acariens, animaux). (source)

La théorie hygiéniste

Cela étant dit, l’origine des allergies alimentaires la plus pointée du doigt est l’environnement. «Leur augmentation a été trop rapide pour être due à des changements génétiques. L’explication est donc forcément liée à l’environnement», explique le Dr Oettgen, chef du département d’allergologie de l’Hôpital pour enfants de Boston.

Plusieurs scientifiques accusent notre mode de vie hygiéniste, trop propre, trop soigné. Mode de vie qui nous éloigne d’un contact précoce à des microbes inoffensifs qui éduquent notre système immunitaire immature dès l’enfance.

“On pense qu’aujourd’hui, à cause du recours massif aux antibiotiques, de la diminution de l’allaitement maternel et d’un environnement aseptisé, les bébés ne sont pas assez confrontés aux bactéries, inoffensives pour la plupart, qui sont indispensables à ‘l’éducation’ de leur système immunitaire, qui est vierge à la naissance » explique Gisèle Kanny, du service de médecine interne, immunologie clinique et allergologie, au CHU de Nancy. « Ces microbes apprennent au système immunitaire à tolérer certains éléments étrangers à l’organisme. Faute d’un contact suffisant avec ceux-ci, le système immunitaire est ainsi désorienté et se met à lutter contre certains aliments, les pollens ou les acariens, provoquant plus d’allergies”. C’est la “théorie hygiéniste” avancée en 1989 par le Dr Strachan« . (source)

Une étude est parue en 2016 dans le New York Journal of Medicine observant les différences de risques immunitaires et asthmatiques entre les Amish et les Huttéristes aux Etats-Unis. Ces deux communautés religieuses vivent sur des terres agricoles, dans le respect des traditions. Mais à la différence que les Amish le font le plus simplement possible et rejettent les technologies modernes, les Hutteristes ne les excluent pas, et ont internet, des voitures…et des tracteurs modernes pour cultiver leurs terres.

Dans cette étude, donc, il a été mis en lumière que les enfants Hutteristes étaient bien plus sujets à l’asthme que les enfants Amish, pourtant au contact régulier avec les poussières et les animaux, et donc avec les microbes.

Les microbes nous protègeraient donc en quelque sorte des allergies alimentaires : le microbiote (l’ensemble des microorganismes) intestinal participe à l’éducation de notre système immunitaire. «Le lien entre microbiote intestinal et allergies alimentaires est très clair chez les modèles animaux, et les données s’accumulent chez l’humain», souligne le Dr Oettgen. En 2011, Graham A. W. Rook a développé l’hypothèse des « vrais amis » (bactéries bénéfiques pour l’organisme humain) dont la destruction, via une aseptisation extrême, aurait déséquilibré le microbiote intestinal, créant un terrain propice aux intolérances et allergies.

A ce sujet, une autre étude faite en Suède en 2018 sur près d’un million d’enfants pendant 13 ans démontre que ceux nés par césarienne avaient 18% de chances de plus de développer des allergies alimentaires, faute d’avoir été exposés au microbiote vaginal de leur mère à la naissance. Cela étant dit, une étude plus récente parue le 31 mars 2021 rapporte que le microbiote intestinal des enfants nés par césarienne finit tout de même par ressembler à celui de ceux nés par voie basse vers l’âge de 3 à 5 ans. Les chercheurs en concluent donc que “le microbiote intestinal est un organe dynamique”, d’autant que “même à l’âge de 5 ans, plusieurs des bactéries qui sont des composants importants du microbiote intestinal chez l’adulte manquent chez l’enfant”, explique Fredrik Bäckhed, professeur de médecine moléculaire et coauteur de l’étude. (source)

Origines environnementales

D’autres facteurs environnementaux sont également accusés d’être à l’origine des allergies alimentaires, et de leur hause.

Notamment par le fait que nous sommes plus fréquemment en contact avec des allergènes. Par exemple, en Italie depuis le milieu des années 80, les pollens de cyprès et d’olivier augmentent, ce qui augmente de fait le nombre de personnes qui y sont sensibles. Pourquoi autant de pollens ? Parce que grâce au réchauffement climatique, les saisons polliniques sont plus longues. Les rhinopharyngites chez les plus jeunes altèrent ainsi les cellules des muqueuses, et facilitent le passage des allergènes. CQFD.

On notera aussi que les particules de diesel sont un transporteur formidable de composés chimiques et pollens, les rendant plus allergisants. Ainsi, des pollens non allergisants comme celui des cyprès ancestraux au Japon, le deviennent après l’ouverture de grande voies routières à proximité. (source)

Il y a d’autres origines aux allergies qu’on ne soupçonnerait pas de prime abord, et pourtant : nos maisons. Nous chauffons trop, nous n’aérons pas assez. De fait, les allergènes, comme les acariens ou les moisissures, prolifèrent (d’autant qu’ils sont au chaud et peu dérangés). Sans compter les produits ménagers et domestiques dont les composants restent douteux. Comme les bisphénols et autres perturbateurs endocriniens qui colonisent nos intérieurs et nos aliments…

Origines alimentaires

La nourriture. Comment ne pas la soupçonner d’être elle aussi à l’origine des allergies alimentaires ?

A raison d’ailleurs ! Il est difficile de ne pas faire le lien entre l’industrialisation en masse de notre production de nourriture et l’augmentation des sensibilités alimentaires de tout genre…

Les jeunes parents le savent : on en parle dès la diversification des enfants. Il faudrait introduire les allergènes majeurs dans une fenêtre très précise, dans un ordre très précis.

Mais à moins de prédisposition à l’allergie alimentaire, pas besoin de paniquer pour autant. On conseille donc un début de diversification entre 4 et 6 mois : plutôt 4 mois pour les enfants atopiques, avec présentation des allergènes qui inquiètent en premier, et plutôt 6 mois pour les autres, avec présentation des allergènes majeurs avant un an.

Une exposition précoce peut alors tout autant protéger d’une allergie que la favoriser… Trop de facteurs rentrent en compte pour avoir de réelles certitudes… (source). Certains allergologues estiment d’ailleurs que les recommandations de présentation tardive des allergènes (recommandée dans les années 1980) a pu participer à l’augmentation des allergies alimentaires sensées être évitées. (source)

Dans nos aliments, on peut également se méfier des additifs de toute sorte (et pas toujours notifiés sur les étiquettes), de l’industrialisation (avec notamment la sur-transformation des aliments, leur enlevant beaucoup d’intérêt nutritionnel), (source) mais aussi de l’impact des produits exotiques comme le sésame et les fruits à coque peuvent n’être pas reconnus par nos systèmes immunitaires. (source)

Le fait que nous cuisinions de moins en moins de produits bruts fait que nous nous tournons de plus en plus vers une alimentation industrielle. Et entre la multiplication des ingrédients, les contaminations accidentelles et les process de fabrication, on obtient une complexité alimentaire qui favorise les allergies croisées (source).

Certaines sources pointent également nos carences en vitamine D, en oméga-3 et en antioxydants comme facteurs favorisant les allergies également.

En amont, les modes de culture sont aussi incriminables. Certains produits chimiques restent ainsi dans les aliments, même bruts, que l’on peut manger. La production intensive des fruits et légumes favoriserait même la production de protéines de stress appelées « profilines », protéines très allergisantes également. (source)

Sans parler des pollutions annexes, qui impactent malgré tout notre environnement de vie, avec les contaminations de nappes phréatiques , pollution des sols (et donc des plantes qui y poussent, et donc des pollens qui s’en échappent)… (source)

On est tous foutus ?

Je te l’accorde, on n’est pas sur un article feel-good/le monde est merveilleux.

Mais on a quand même quelques pistes, qui si elles ne nous garantissent pas à 100% d’être à l’abri des allergies (pour nous ou nos enfants), peuvent en réduire les conséquences.

On peut commencer par mieux aérer nos habitats, et penser au pull avant de pousser le chauffage (en plus on fera des économies d’énergie). Revoir nos produits ménagers, peut-être les réduire, voir par quel produit moins nocif il peut être remplacé (le bicarbonate de soude et le vinaigre blanc ont la cote ! Mais c’est ok si certains produits te paraissent irremplaçables). Checker les armoires, les boîtes en plastique…

On peut aussi cuisiner plus souvent, avec des produits bruts, locaux et bio : ainsi, on réduit la pollution due aux transports du bout du monde (local), et celle des pesticides des champs infinis (bio). Le choix de cuisiner des produits bruts réduit drastiquement le nombre d’additifs et des transformations dénaturant les ingrédients.

Je comprends que ça semble beaucoup à gérer, d’autant plus quand tu connais déjà les allergies de ton enfant, mais tu peux être accompagné.e dans ces nouvelles habitudes. Ensemble, on peut ainsi optimiser ton organisation en cuisine, et je peux t’aider à retrouver du plaisir et de la gourmandise dans ton quotidien grâce aux coachings ou aux ateliers en ligne ou à domicile !

Quand on a de jeunes enfants, on leur proposera plutôt des aliments bruts également, nature, le moins transformés possible. Et on garde les bonbons et autres sodas (ultra transformés, bourrés d’additifs et de sucres dénaturés) pour les occasions exceptionnelles plutôt qu’en gâterie quotidienne.

Et on arrête de paniquer parce que Basile a mis les mains dans la terre, puis dans sa bouche !

Par ailleurs, des études ont montré que les probiotiques, en restaurant le microbiote, pouvaient diminuer certaines allergies. De manière générale d’ailleurs, les probiotiques font du bien à notre ventre et à notre corps, notamment quand on a un déséquilibre digestif ou qu’on sort d’un traitement antibiotique.

Bref, on peut agir sur plusieurs leviers.